Les mauvais souvenirs de la saison précédente ne sont pas effacés : envahissement de la pelouse à Nice en août, bouteille jetée sur Dimitri Payet à Lyon en novembre, chaos à Saint-Étienne après la relégation des Verts fin mai... De quoi laisser des spectateurs et des pouvoirs publics choqués de ce regain de violence, après deux exercices perturbés par le Covid-19.
Un tour de vis face à la violence
"Nous ne pouvons pas imaginer une seule seconde revivre les épisodes de l'an dernier. Nous ne tolérerons plus jamais de tels débordements", insiste auprès le président de l'OGC Nice, Jean-Pierre Rivère, cité par l'AFP.
Depuis plusieurs mois, le foot français a pris le problème à bras-le-corps, soutenu par trois ministères : l'Intérieur, les Sports et la Justice. Et le serrage de vis réglementaire annoncé en décembre s'apprête à prendre forme, à l'aube de cette nouvelle saison qui démarre vendredi.
Bouteilles interdites
Quelques mesures phares ont été intégrées aux règlements de la LFP, dont l'interdiction dans les stades des bouteilles plastiques, qui pouvaient servir de projectiles. Tous les clubs se sont par ailleurs vu imposer la création de dispositifs anti-intrusion et anti-projection modulables, à utiliser au cas par cas lors les matches jugés à risque.
Localement, plusieurs clubs ont investi dans la sécurité ou la structure de leur enceinte... Jusqu'à s'attirer les foudres des réseaux sociaux comme Ajaccio, dont le nouveau parcage visiteurs, semblable à une immense cage, a beaucoup fait parler.
De son côté, l'Olympique de Marseille a entamé divers travaux. "Nous avons modifié la structure des filets (de sécurité), dont la première partie devient métallique et n'est plus inflammable (...), nous allons mettre en place une structure de rouleaux au-dessus de certains barriérages, de façon à ce que les gens ne puissent pas passer par-dessus, et nous allons (installer) des structures en métal opaque, pour que visiteurs et virage Nord ne puissent pas se provoquer en se voyant", liste un responsable du club phocéen.
Dialogue et communication
Un mot d'ordre tourne en boucle entre les acteurs de la L1 : communication. "Nous, on maintient ce qui marche. Notre première mesure, qui est naturelle, c'est le dialogue avec les supporters", avance Alain Plet, directeur général adjoint de Strasbourg. "On s'est encore vus en fin de saison dernière pour faire le bilan et mettre en place une feuille de route pour la prochaine. L'un des gros dossiers sera celui d'une expérimentation encadrée de la pyrotechnie".
Le retour du dialogue est aussi constaté par les groupes de supporters. "On ressent à nouveau une implication de la part des ministères. L'instance nationale du supportérisme (INS) se réactive et on a senti la Direction nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH) légèrement plus concernée sur les questions de déplacement des supporters", remarque Kilian Valentin, porte-parole de l'Association nationale des supporters (ANS).
Ce dernier a dénombré la saison dernière plus de 150 interdictions de déplacement - parfois jugées abusives - et se réjouit de l'abrogation de l'arrêté préfectoral qui interdisait les fans de Saint-Étienne d'aller à Dijon samedi, pour la première journée de Ligue 2.
"On voit les prémices d'une évolution positive", reconnaît-il, tout en espérant une diminution des sanctions collectives (fermetures de tribunes, huis clos...) prononcées par la commission de discipline de la LFP. Un autre sujet de discorde majeur.
En parallèle, la LFP a fait appel au criminologue Alain Bauer, qui doit remettre, dans les prochaines semaines, un rapport indépendant sur la sécurité dans les stades. Les fans ont accueilli ce choix avec circonspection.
Mesures, dialogue, optimisme... Le calme va-t-il enfin revenir au bord des pelouses ? "Restons très humbles", tempère Alain Plet, du RCSA. "Un zinzin qui lance une bouteille sur un joueur, ça peut arriver malgré tout ce qu'on a mis en place..."